Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

dimanche 15 mai 2016

Pouvoirs


"Je sais que notre peuple possédait des pouvoirs remarquables de concentration et d'abstraction, et je me demande parfois si le fait d'être aussi proche de la nature, tel que je l'ai décrit, garde l'esprit sensible aux impressions communément ressenties, et en contact avec les pouvoirs invisibles. Certains d'entre nous semblaient avoir une singulière intuition quant à l'emplacement d'une tombe; ils l'expliquaient en disant qu'ils étaient entrés en communication avec l'esprit du défunt. Ma grand-mère était de ce nombre, et aussi loin que je me souvienne, lorsque nous campions dans un pays inconnu, mon frère et moi cherchions et trouvions des ossements humains à l'endroit qu'elle nous avait indiqué comme étant un lieu de sépulture ou l'emplacement où un guerrier isolé était tombé. Bien sûr, tout signe extérieur de sépulture était depuis longtemps effacé."
OHIYESA



vendredi 13 mai 2016

A qui s'adresse le conte?





Les contes « merveilleux » s’adressent à toutes les générations ; les seuls contes conçus pour les enfants sont les contes d’avertissement, qui se terminent mal.
Il n’est que de lire la moralité de la version de Perrault du Petit Chaperon Rouge,pour comprendre que les petites filles auxquelles il s’adresse approchent de l’adolescence ; à moins que l’avertissement ne soit destiné à leurs parents :
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles,
Belles, bien faites et gentilles,
Font très mal d’écouter toutes sortes de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte :
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui, privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles.
Mais, hélas !qui ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux !
On peut dire qu’il existe un conte en réponse à chaque question posée par la vie.
Bruno Bettelheim dans « Psychanalyse des Contes de fées » : « Tel est exactement le message que les contes de fées, de mille manières différentes, délivrent à l’enfant : que la lutte contre les graves difficultés de la vie sont inévitables et font partie intrinsèque de l’existence humaine, mais que si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves inattendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire. »
Les maladroits aimeront le géant qui bouscule tout sur son passage mais peut voir par-dessus les montagnes ; les rêveurs indolents apprendront que le plus jeune, celui qu’on croit plus bête que les autres, sauvera sa famille ; les introvertis s’identifieront à la princesse endormie ; les intellectuels comprendront les rois qui, tels Arthur, agissent peu mais ordonnent beaucoup ; les méchants apprendront que les sorcières finissent souvent mal ; les anxieux en revanche, se rassureront au conte des sept chevreaux qui sortent vivants du ventre du loup ; les tristes partageront la fortune de Cendrillon et les malins feront comme le petit tailleur ou seront avertis du danger qui guette le berger qui crie trop souvent « Au loup ! » ; quant aux coléreux,ils combattront les dragons et pourront suivre dans leur quête Arthur et ses preux chevaliers.
Soyons attentifs aux demandes des enfants ; ils réclament en général spontanément, le conte qui leur convient. Et n’oublions jamais que l’action thérapeutique ou spirituelle du conte est amoindrie par la rationalisation ou la moralisation et que les contes lus sont moins efficaces que ceux racontés.

jeudi 12 mai 2016

Chasse maudite


... Ils se remirent à chasser pendant plusieurs jours, mais ils ne prirent toujours rien. Un jour ils rencontrèrent quelqu'un du village qui leur dit que deux personnes, là-bas, étaient déjà mortes de faim: il fallait que l'un des chasseurs se remit à jouer du tambour pour implorer de l'aide. Il sortit son tambour et se mit à en jouer.Mais aussitôt il le jeta et s'écria:" Ce tambour ne fait pas son bruit normal!" Les autres prirent le tambour aussi, mais le jetèrent aussitôt. Il était brûlant! Il se mit à chuinter dans la neige. "N'y touche pas! N'y touche pas!" s'écrièrent-ils. Il leur arrivait tant de malheur. Il fallait absolument qu'ils tuent cet homme qui leur avait jeté un sort. Ils se remirent à sa recherche...
Voilà ce que nous raconta l'un des chasseurs. ....

Howard A. NORMAN - L'os à voeux-


mercredi 11 mai 2016

La mémoire des contes


Les contes sont la mémoire collective des hommes. Ils disent ce qui leur est arrivé, ce qui s'est passé depuis ce temps lointain où ils ont commencé à se souvenir et à raconter.
Par la voix, sur la pierre, les murs des cavernes, en tablettes, en rouleaux, puis en livres, ils sont arrivés jusqu'à nous. Chacun de ceux vers qui ils sont venus leur a posé sa marque, son empreinte, les a façonnés.
Les penseurs en ont fait des mythes, les historiens des légendes et les aèdes en ont fait des contes. On a pu les versifier, les chanter, les orner de musique, les dessiner au fond des cavernes ou sur la peau des tipis; ils sont là, présents, intacts bien qu'habillés de neuf. On dit que le temps présent les oublie... Oh que non!.. Le film, le dessin animé, la BD, les manga, les vidéos continuent à nous les dire...
Certes, l'image les fige quelque peu; la parole leur donnait plus d'ampleur dans notre imaginaire, mais qu'importe! Les contes vivent prennent racine en chacun de nous; ils parcourent les continents, s'épousent et font des petits; car chaque jour, quelque part dans le monde, naît un conte. Différent et semblable, comme les anciens nous ont parlé des émotions d'autrefois, il racontera un jour à nos lointains enfants, ceux que nous étions..
P.

mardi 10 mai 2016

S'assit au milieu

Ce garçon sortit pendant une tempête de neige

pour attraper du poisson. Il s'en alla sur la glace du lac

et emporta son pic avec lui
pour creuser un trou dans la glace.
Il s'en alla en chantant.
En été on aurait pu entendre le lac
chanter, tous ces oiseaux et ces grenouilles ensemble,
MAIS C'ETAIT L'HIVER.
Il était le seul à chanter.

On l'entendit creuser un trou
au loin, mais on ne pouvait pas le voir.
C'était comme le bruit d'une mâchoire
que son travail faisait. A bout d'un momentn la peur nous prit.
Etait-il tombé dedans?
Les serpents des neiges
l'avaient-ils emporté dans leur tourbillons?

Peur de ne plus jamais
le voir surgir au milieu des canards de boi
servant de leurre, RIANT!
En été.

Il resta là-bas sur la glace
jusqu'à la nuit. Puis nous vîmes le feu de sa torche
se rapprocher de nous,
et il rentra chez lui mettre le poisson qu'il avait pris
sur le feu.
Notre peur ne s'arrêta pas là.

Il s'assit avec nous et regarda le poisson
gelé qui cuisait.
Il s'assit avec nous
au milieu grelottant.
Puis on entendit son rire se dégeler!
C'est alors seulement que la peur nous quitta.
 Howard A. NORMAN-  L'os à voeux

lundi 9 mai 2016

Chantons sous la pluie

On pourrait voir dans le Yi King une sorte de bulletin météo qui nous dirait: "Aujourd'hui, il risque de pleuvoir. Si tu sors, tu devrais prendre un parapluie."
Alors on peut décider de prendre ou ne pas prendre un parapluie...
Ou de ne pas sortir...

Il peut aussi ne pas pleuvoir... c'est très ouvert....

mercredi 4 mai 2016

Au fil de Sophie

Il y a trois profondes aspirations, trois grandes expressions de l'inquiétude humaine que seule une foi mystique peut pleinement satisfaire. C'est d'abord celle qui fait de l'homme un pèlerin, un vagabond; c'est le désir de sortir de son monde normal  pour aller à la recherche d'un pays perdu, d'un "meilleur pays"; un Eldorado, un Sarras, un Sion céleste. C'est ensuite le désir de l'âme de trouver une âme soeur qui s'accorde parfaitement avec elle, et ce désir inspire l'amour. C'est enfin l'aspiration à la pureté intérieure et à la perfection qui fait de l'homme un ascète et, en dernier ressort, un saint.

Evelyn UNDERHILL

mardi 3 mai 2016

C'est Jean!

Il existe au bord de la Blaise, à l'écart des villages, un charmant manoir de briques roses. Il semble délaissé et l'on raconte sur ce lieu de terribles légendes. Sont-elles vraies? On ne sait pas ... Ce qui est certain c'est qu'autrefois des nonnes y vivaient et qu'il y eût des temps paisibles. La Révolution avait dépouillé le lieu d'objets de culte certains de grande valeur. Des tableaux notamment et la supérieure se désolait de n'avoir plus aucun portrait représentant l'Enfant Jésus.
Cette année là, une novice entra au couvent et les soeurs découvrirent qu'elle avait un joli talent de peintre. C'est ainsi qu'elles eurent l'idée, d'offrir à la mère abbesse pour sa fête ce portrait qui lui manquait tant. On allait lui faire la surprise.
La jeune soeur fut installée tout au fond du jardin, dans une serre désaffectée. Seul le jardinier y rangeait des outils et faisait des semis au printemps. On lui demanda d'éviter le lieu quand la soeur travaillait.
On lui procura toile, peintures et pinceaux sans rien dire à la supérieure. Et la novice se mit à l'ouvrage... de tout son coeur...
Au milieu de l'été, elle avait composé une Vierge à l'Enfant, souriante, entourée de fleurs et tenant sur ses genoux un amour de Jésus blond, frisé et tout nu. Satisfaite de son travail, elle le montra à ses soeurs qui, en découvrant la peinture ne purent réprimer un violent fou-rire. Consternée, elle leur demanda la raison de leur gaieté. Les ires redoublèrent et les soeurs entre deux hoquets l'assurèrent que le tableau était parfait en tout points sauf un. Mais quand la novice demanda lequel, les soeurs rougirent et pouffèrent sans la renseigner...
Navrée, les larmes aux yeux, elle se laissa tomber sur un banc qui se trouvait là. Le jardinier, qui se nommait Jean, croyant la serre déserte y vint ranger ses outils. Quand il vit la jeune nonne en pleurs, il lui demanda gentiment la raison de son chagrin.
"C'est, dit-elle, que les soeurs ont ri en voyant mon tableau et je ne sais pas pourquoi."
Jean regarda le tableau et lui aussi se mit à rire. Les pleurs redoublèrent.
"Mais enfin Jean, dites-moi au moins ce que ce tableau a de si drôle!"
"Eh bien, ma soeur, c'est que votre enfant Jésus... c'est une fille!
- Comment ça une fille? A quoi voyez-vous ça?
Jean rit de plus belle et apprit que la novice, si elle avait déjà vu des bébés nus, n'avait vu que des filles puisqu'elle n'avait pas de frère. Elle ignorait la différence. Jean la lui expliqua, mais comment allait-elle pouvoir représenter une partie du corps dont elle ignorait tout.
" C'est bien facile lui dit Jean, je vais me mettre sur ce banc et je serai votre modèle.
Il fut chaleureusement remercié, il se déshabilla et prit la pose. La nonne rectifia son tableau en suivant le modèle et le porta dans la chapelle. Il était temps! La fête de la mère supérieure était pour le lendemain.
Le tableau était recouvert d'un drap que l'artiste leva devant ses soeurs assemblées. Il y eut un silence, puis toutes les nonnes se mirent à chuchoter:
"Oh mes soeurs, oh mes soeurs! Mais c'est Jean... c'est bien lui! Que va dire notre mère?
Et justement, elle arrivait , la Mère Supérieure. Les nonnes serrées les unes contre les autres, confuses, la jeune artiste plus que les autres...
La Mère Supérieure, sourit, puis rit franchement...
"Félicitations, ma soeur... c'est bien Jean... et tellement ressemblant!!!

dimanche 1 mai 2016

La voix des oiseaux

En mai, écoute le coucou, le bouvreuil, le rossignol chanter au coeur du bois.
"Rossignolet du bois,
Rossignolet sauvage,
Apprends-moi ton langage,
Apprends-moi à parler,
Dis-moi dans ton ramage
Comment me fait l'encharmer",

demandaient les Dames Vertes aux oiseaux pour enchanter et emprisonner le coeur de beaux paladins égarés en forêt.
Pierre DUBOIS - Elficologue

Les Chouchous