Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

dimanche 31 janvier 2016

Janvier s'en va ...

Le premier mois de l’année
Que donnerai-je à ma mie ?
Un partriole
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole
Qui vole dans ce bois.

mercredi 27 janvier 2016

Le Chant du Cygne alm


(Illustration Véronèse)










Le cygne est d'essence divine et nul en le voyant glisser presque irréel à la surface des e
aux n'en peut douter. Il est l'oiseau aimé d'Apollon qui règne sur la lumière, les arts et la musique.
Pour séduire Léda, Zeus se para des plumes du cygne. Mais le destin des enfants qu'il fit à la belle fut loin d'être aussi immaculé que le bel oiseau...
Est-ce en pensant à eux que le cygne avant de mourir fait entendre une triste et magique mélodie... son Chant du Cygne?

dimanche 24 janvier 2016

La procréation magiquement assistée


De tous temps, les femmes en peine d'enfants ont songé à se faire aider. Il fut un temps où médecine et magie étaient une seule et même science.
Le premier jour de notre février, les Celtes fêtaient Imbolc, par des rituels de purification et des cérémonies destinées à rendre les femmes fécondes.
Avant d'avoir recours à des techniques plus modernes, on peut toujours tenter celle-ci, dont les Anciens disaient grand bien et qui en tout cas n'a jamais fait mourir personne. Tout au plus risque-t-on un gros rhume car elle se déroule en plein air.
Vous devrez, la nuit de la pleine lune qui précède Imbolc, cette année le 24 janvier, cette nuit donc, vous rendre au coeur de la forêt dans une clairière. Magiciens et magiciennes vous y attendent, qui traceront un grand cercle au centre duquel sera allumé un grand feu.
Bientôt vous verrez tout autour prendre place fées, elfes, sylvains et sylphides, centaures et centauresses. Placée devant le feu, au centre du cercle, vous devrez vous enduire de certain onguent fait de violettes, de roses et d'écorce de chêne. puis en compagnie du peuple magique, toute la nuit, vous danserez et chanterez en invoquant Epona et Cernunnos.
Ne doutons pas un seul instant que la magie des Anciens soit sans effet de nos jours... Evidemment... si vous n'y croyez pas!!!!....


vendredi 22 janvier 2016

Nigea


En Hiver
dansent les Esprits de l'air.


La fée de l'hiver est toute vêtue de blanc et de mousselines légères brodées d'argent et de fleurs de givre.
Ses cheveux raides pailletés de cristaux, piquetés d'étoiles, emmitouflent comme un châle son beau visage lunaire aussi luminescent qu'une pierre urluthine. Son regard est semblable aux eaux caliciales des lacs de montagne.
Elle porte sur le dos un sac de neige poudreuse et un autre de flocons qu'elle sème à tous vents en secouant ses voiles. Des centaines de minuscules Fayettes montée sur des hermines précèdent son cortège. Un traîneau de brumes miragineuses que les bises entraînent la conduit là où elle veut que les choses s'endorment, que les buissons, les rivières, les collines se figent, se cristallisent; que les maisons fument les volutes de leurs rêveries secrètes.
Elle voisine les Tempestaires, Berchta, Marie Cotron, Befana, Fraü Holle, Tante Arie et les Taties de Noël...
Nigéa, bienveillante, protège les récoltes sous les replis de sa pelisse, exauce les voeux des enfants et veille sur le sommeil de la Belle au Bois Dormant...

Fée des neiges, protège nous des grands froids.

Pierre DUBOIS - Elficologue

mercredi 20 janvier 2016

La Mort Marraine (d'après Grimm)



Un pauvre homme avait déjà 12 enfants. Quand lui en vint un 13°, il chercha pour lui un parrain capable d’assurer son avenir. Ni Dieu ni Diable ne faisant l’affaire, il dut se contenter de la Mort, qui promit de rendre l’enfant riche et célèbre.
Quand son filleul eut atteint l’âge d’homme, la Mort l’emmena dans la forêt et lui indiqua une herbe ;  une herbe de guérison. Chaque fois qu’il la donnerait à un malade, celui-ci guérirait à coup sûr, mais à la condition que la Mort se trouve à la tête du malade. Si elle se tenait au pied, aucune médecine au monde ne pourrait le sauver.
« Garde-toi bien, ajouta la Mort, d’utiliser cette herbe sans mon consentement. Tu aurais à t’en repentir. ».
Muni de ce talisman, le jeune homme devint en peu de temps un médecin réputé. Des gens venaient du monde entier le consulter et le couvraient d’or avec reconnaissance.
Un jour il fut appelé au chevet du roi. Hélas, la Mort se trouvait déjà aux pieds du malade.
 Il lui vint alors la fâcheuse idée de tromper sa marraine, comptant sur son affection pour se faire pardonner.
Il tourna le malade dans son lit de telle façon que la tête se trouve près de la Mort. Puis il donna de son herbe au roi, qui guérit.
Sa marraine très fâchée lui dit :  «  Je te pardonne pour cette fois, mais ne recommence jamais ! Si tu me joues encore une fois ce tour, c’est toi que j’emmènerai. »
Peu après, la fille du roi tomba malade à son tour. Il aurait du se souvenir de la mise en garde de la Mort  mais la princesse était si belle qu’il en tomba amoureux et oublia toute prudence. De nouveau il tourna la malade, présentant sa tête à la Mort, puis lui donna de son herbe. Instantanément le rose revint aux joues de la jeune fille .
Mais la Mort cette fois fut implacable….Elle le conduisit dans une grotte où brûlaient des millions de bougies. Celle qui représentait la vie du médecin était presque consumée, la flamme vacillait. Il supplia sa marraine de lui allumer une bougie neuve pour qu’il puisse épouser la fille du roi. Elle fit semblant d’accepter, mais elle voulait se venger; de la bougie neuve elle bouscula l’ancienne, qui tomba à terre et s’éteignit.

mardi 19 janvier 2016

Les Dieux et le Cosmos alm

Léon Van der Meersch dans « Les deux raisons de la pensée Chinoise », oppose la pensée européenne théiste à la pensée chinoise cosmologique.
Il peut sembler outrecuidant de ma part d’apporter là une observation, cependant il me semble que si la pensée judéo-chrétienne est théiste, la pensée gréco-romaine l’est nettement moins, j’oserais même dire pas du tout.
En effet, les divinités grecques ne sont devenues « dieux » que sous l’influence chrétienne. Les Romains, principalement guerriers et légistes, ont trouvé plus commode pour asseoir leur influence et assurer la paix dans les territoires conquis de laisser libre-cours aux coutumes et croyances locales, voire à les adopter. Admiratifs de la culture grecque, ils l’ont intégrée au point de romaniser les divinités hellènes ; lesquelles ne sont devenues divines au sens où nous l’entendons que sous l’influence chrétienne.
L’Eglise Chrétienne soucieuse de s’imposer aux esprits, a nié les cultes anciens au point de gratter les parchemins qui les relataient pour y inscrire ses propres textes. Les écrits des Grecs nous sont revenus par la grâce de la culture arabo-andalouse et notons au passage que comme la musique, la culture se joue des croyances et des traditions. Ces écrits on fait leur chemin et ont été chez nous remis à l’honneur au XVI° siècle qui pour cette raison a été nommé Renaissance, mais dans une optique qui depuis est devenue la nôtre.
Pourtant à l’origine, les « Dieux » grecs étaient des personnifications d’entités, de forces de la nature. Orphée était un chaman ; les mythes dionysiaques étaient chamaniques comme les « mystères » d’Eleusis ; les Bacchantes, la Pythie ne buvaient pas que du thé à la menthe et leurs fumigations n’étaient pas que de thym et de lavande. Apulée, dans l’Âne d’Or cite la Thessalie comme « terre des sorcières et des enchantements » ; patrie aussi des Centaures Nessus et Chiron, détenteurs de la connaissance.
On peut apercevoir certaines de ces divinités dans les trigrammes du Yi-King : Ouranos et Gaïa actif et réceptif ; Eole, le vent ; Zeus, le tonnerre ; Hélios, le feu du soleil ;Artémis la lune qui se baigne dans un lac ; Atlas représente la montagne et Poséidon le frère de Zeus, c’est l’eau sous toutes ses formes .

On aurait tout à gagner je crois, à penser civilisations et croyances en termes de similitudes plutôt que de différences

mardi 12 janvier 2016

Bon Anniversaire , Charles!


Les Contes de Perrault

Dans un blog dédié aux contes et à la littérature, la première place revient « à tout seigneur, tout honneur » à Charles Perrault.
S’il n’est pas le plus important des écrivains- conteurs- collecteurs puisque les Contes de ma Mère l’Oye ne comportent que  dix histoires dont deux, Peau d’Ane et Grisélidis sont de longs poèmes en vers, Perrault est sans doute le plus populaire de tous . A lui revient le mérite d’avoir été le premier à tirer de l’oubli au fond duquel ils sombraient, les « contes de nourrices » ou « contes de bonnes-femmes » que seuls écoutaient les enfants pour les offrir à un public non seulement adulte, mais de plus lettré.
Ces contes anciens, oubliés pendant la Renaissance au profit de la mythologie gréco-romaine, nous sont revenus curieusement au XVII° siècle au travers d’une mode lancée par les intellectuels tenant des « modernes » dans la fameuse querelle des « anciens et des modernes » ; le plus farouche défenseur des « modernes » étant Charles Perrault qui nous a, paradoxalement,  rendu une des meilleures versions littéraires des contes traditionnels.
Je ne vais pas ici entrer dans les vains débats entre ceux qui professent que seule l’oralité convient au conte et ceux qui tiennent pour l’écrit. L’important  est que le conte circule et vive, d’autant plus qu’avec le numérique et le cinéma de nouvelles voies lui sont ouvertes.
Il faut là mentionner le contesté Walt Disney qui, curieusement, n’a pas raconté le « Chat Botté », le parfait « trickster » qui tel une figure d’Hermès, en faisant la fortune de son maître, parraine l’ensemble des contes.

« Le maître Chat arriva enfin dans un beau château dont le maître était un ogre, le plus riche qu’on ait jamais vu, car toutes les terres par où le roi avait passé étaient de la dépendance de e château. Le Chat, qui eut soin de s’informer qui était cet ogre et ce qu’il savait faire, demanda à lui parler, disant qu’il n’avait pas voulu passer si près de son château sans avoir l’honneur de lui faire la révérence.
L’ogre le reçut aussi civilement que le peut un ogre et le fit reposer. « On m’a assuré, dit le Chat, que vous aviez le don de vous changer en toutes sortes d’animaux ; que vous pouviez, par exemple, vous transformer en lion, en éléphant.- Cela est vrai, répondit l’ogre brusquement, et, pour vous le montrer, vous m’allez voir devenir lion ».
Le Chat fut si effrayé de voir un lion devant lui, qu’il gagna aussitôt les gouttières, non sans peine et sans péril, à cause de ses bottes, qui ne valaient rien pour marcher sur les tuiles. »







Moïse

Les Hébreux étaient esclaves en Egypte.
Moïse les libère et les guide vers la Terre Promise. Il faut traverser le désert, une marche longue et pénible. Le peuple doute et Moïse qui commence à douter lui-même s'isole au sommet du mont Sinaï pour communiquer avec Dieu.
Les hommes qui ne savent pas où est passé leur guide s'inquiètent et se fabriquent une idole: un taurillon d'or qui les détourne de leur foi en la promesse de cette terre qui sera leur patrie. Ils perdent confiance et ne comprennent pas qu'abandonner la voie difficile et terne du sable pour celle brillante et dorée les ramènera à l'esclavage.
Quand Moïse revient vers eux, sa colère est si terrible qu'il brise les tables de pierre sur lesquelles il avait gravé la parole de Dieu... Colère et orgueil aussi. Il devra remonter sur la montagne et graver de nouvelles tables. Les hébreux devront errer quarante ans encore; quarante années pendant lesquelles  Moïse pourra encore donner libre cours à son orgueil. Dieu le punira en lui refusant l'entrée dans cette Terre Promise qu'il pourra seulement apercevoir de loin..
Par orgueil, pour parler directement avec "Dieu", Moïse s'est éloigné des hommes... Erreur!!
Par crainte et perte de confiance devant cet abandon, les hommes ont vénéré une idole... autre erreur!
La voie juste est celle de la confiance et de la simplicité.
Une "terre" a été promise; il faut s'y rendre quels que soient les aléas et la longueur du chemin et ceci n'a rien à voir avec une quelconque religion.

dimanche 10 janvier 2016

Janus alm


A
u temps où hommes et dieux vivaient sur terre en bonne intelligence, naquit en Thessalie, berceau des arts magiques et des incantations, Janus fils d’Apollon, lui-même fils d’une louve.
Il grandit avec les bergers qui gardaient les troupeaux de son père, sous le regard des dieux hésitant encore à décider si Janus serait simple mortel ou bien l’un des leurs. Au gré de leur humeur facétieuse, ils le dotèrent de nombreux pouvoirs, lui suggérant les inventions dont il devait par la suite doter ses contemporains. C’est ainsi qu’un jour, ayant eu l’envie de se promener sur l’eau, il inventa les navires et l’art de s’en servir. A la tête d’une bande de chenapans de son âge (dont il était le chef incontesté, car il avait des yeux dans le dos), il embarqua sur une flottille d’esquifs en roseaux ; sans doute n’avaient-ils en tête que l’idée d’aller pêcher un peu plus au large. Mais les dieux aussi étaient jeunes et les dieux aiment à rire. Ils persuadèrent Eole d’ouvrir son outre ; l’un après l’autre et parfois ensemble, Borée, Zéphyr, Euros, Notos soufflèrent sur les radeaux ; bientôt Janus et ses compagnons furent dans l’impossibilité de regagner le rivage. Sans expérience et sans provisions, que devinrent les navigateurs ? Jouets des dieux, ils furent aussi leurs protégés ; le chat s’amuse longtemps avant de tuer la souris. Je ne vous conterai pas les aventures d’îles en îles autour de la Méditerranée de Janus et son équipage…
Les dieux se lassent, même des jeux les plus distrayants ; après Charybde, après Scylla, la flotte était presque intacte et Janus toujours en vie, ils lui permirent enfin d’aborder….

Camèse était roi du Latium ; ce qui revient à dire que Camèse ayant un troupeau plus important que les autres bergers, était leur roi. En ces temps bénis que l’on nomma l’Age d’Or, la fonction n’était pas bien fatigante. Puisque chacun avait à sa suffisance, la discorde était inconnue et Camèse n’ayant rien d’urgent à régler avait du temps de reste. Un temps qu’il occupait ce jour là, sur une plage à l’embouchure d’un fleuve. Il méditait Camèse, le dos dans le sable tiède et l’œil perdu sur des vagues aussi bleues que ses pensées ; et sans doute crut-il s’être endormi car ce qu’il vit à l’horizon lui sembla sortir d’un rêve… Il voyait flottant sur l’eau une sorte de village sur les habitations duquel des hommes s’affairaient … Les tentes approchaient du rivage ; Camèse n’en croyait pas ses yeux car,  non ce n’était pas un rêve, c’était bel et bien des hommes qui immobilisaient le village flottant et celui qui dirigeait la manœuvre, se jetant à l’eau, nageait vers lui. Camèse voyait sans frayeur s’approcher l’étranger ; Janus avançait sans crainte, il salua cet homme qui l’observait depuis la rive. En quelle langue ? peu importe ! En ce temps-là, tout le monde se comprenait. Il répondit avec aisance aux questions du roi fort étonné de ce débarquement. Janus apprit qu’il venait d’aborder aux rives du Latium ; lui-même raconta qu’il venait de Thessalie et comme ce nom n’évoquait rien à Camèse, il dessina sur le sable l’itinéraire approximatif de son périple. Abasourdi par l’importance du trajet parcouru, le roi accorda aux marins l’hospitalité, mais Janus devrait lui faire le récit de ses aventures.
Le récit dura plus d’un soir ; il dura assez pour qu’une forte amitié naisse entre les deux hommes. Janus le Pacifique avait le don d’attirer les sympathies. Nombreux étaient ceux qui le soir venait sous la tente écouter ses histoires. Assise au milieu des femmes, une jeune personne le dévorait du regard, ne perdant pas une de ses paroles ; Janus l’avait remarquée et pour les beaux yeux de la jeune Camise, le voyageur solitaire, le navigateur taciturne devint un brillant conteur. Il se découvrit une verve, un humour qu’il ne se connaissait pas jusque là.
Le bon roi Camèse qui n’avait pas de fils, se réjouit de l’idylle naissante ; car Camise était sa fille ! Il lui plaisait de pouvoir garder près de lui l’aimable et ingénieux Janus . Pensez ! Un homme qui savait voyager sur l’eau ! Et son discours laissait entendre qu’il avait bien d’autres idées en tête. Des idées qui pourraient bien améliorer la vie de ses sujets et partant, renforcer son prestige à lui, Camèse.
Cette histoire pourrait bien manquer de piment : voyons ! pas de batailles, pas de naufrages, pas d’amours contrariées ? Non, puisque c’était l’Age d’Or et que tout le monde était heureux ! On maria les jeunes gens et Janus s’établit sur la colline qui portera désormais son nom : le Janicule. Il y fonda sa ville au bord d’un fleuve qui portera le nom de son fils Tiber : le Tibre. Camèse partagea avec lui le pouvoir et Janus aux hommes outre la navigation, la culture. Jusque là, on se contentait de ramasser ce qui poussait ; Janus un jour, montra à Camèse un emplacement où l’été précédent des femmes avaient épluché des graines. Ces graines avaient germé ; il lui fit aussi remarquer que les graines poussaient plus dru sur les déjections de bétail. Les hommes, guidés par les deux rois prirent l’habitude au lieu de se contenter de ce que leur offrait le hasard, de cultiver ce dont ils avaient besoin. Certains réussissaient mieux certaines cultures : ils avaient trop d’une denrée, pas assez d’une autre ; Janus leur conseilla d’échanger. Et puis, de l’échange à la monnaie, il n’y a qu’un pas que les sujets de Janus eurent tôt fait de franchir. Qui dit culture, qui dit monnaie, dit aussi propriété ; qui dit propriété dit litige ; bientôt Janus dut inventer les lois. Savait-il Janus le Pacifique, en imposant ces innovations qu’il jugeait indispensables au bien-être de ses sujets, savait-il qu’il mettait fin en même temps à cet Age d’Or dont il est resté l’un des symboles ?

Camèse mourut et Janus régna seul sur le Latium ; pas longtemps !
Saturne chassé par Jupiter de l’Olympe, cherchait un asile ; Janus le lui offrit. Saturne étant dieu, il ne pouvait faire moins que lui offrir de partager le pouvoir. Saturne en retour lui apporta plus d’un bienfait. Il lui octroya premièrement le don de clairvoyance absolue. Quand on dirige un état ce n’est pas inutile ! Il lui apprit aussi comment on ouvre un passage aux fontaines et l’irrigation améliora grandement les cultures ; Fons, un autre fils de Janus devint le dieu des sources et des fontaines.

Janus le sage ne le fut pas toujours : la nymphe Canna avait fait vœu de chasteté. Le vœu n’en faisait pas une sainte ; elle était belle, avait de nombreux admirateurs qu’elle aimait tourmenter, leur faisant des avances pour s’enfuir ensuite brusquement dans un lieu où les malheureux ne pouvaient la trouver. Elle crut pouvoir en user de même avec Janus, mais elle avait compté sans sa clairvoyance et sa paire d’yeux supplémentaires : celle qu’il avait derrière la tête et que cachait ordinairement son abondante chevelure. Quand la nymphe se cacha, Janus eut tôt fait de la débusquer ; adieu chasteté ! La nymphe hypocrite se lamenta bien fort sur sa virginité perdue ; pour la faire taire Janus lui offrit, étrange cadeau, tout pouvoir sur les gonds  des portes. Le fruit de leurs amours devint le premier roi d’Albe la longue, mais d’aucuns prétendent que ce fut Ascagne, le fils d’Enée.
Une nommée Vénilia connut aussi ses faveurs ; leur fille Canens épousa le fils de Saturne, Picus et connut une fin aussi tragique que poétique, mais il s’agit d’une autre histoire.
Plus tard, Saturne fit de Janus un dieu et le chargea d’assurer la protection de Rome. La légende raconte que lorsque les Sabins menés par Tatius attaquèrent la ville, la fille du gardien du Capitole pour quelques bijoux, trahit ses compatriotes et ouvrit le passage à l’ennemi. Ceux-ci escaladèrent la colline et étaient près de l’emporter, quand Janus fit jaillir une source d’eau chaude ; terrifiés, ils rebroussèrent chemin. Romulus reconnaissant, institua le culte de Janus et décida que son temple resterait ouvert en temps de guerre afin de laisser au dieu la possibilité d’intervenir. Tout au long de l’histoire de Rome les portes furent rarement fermées.
Janus est souvent représenté sous les traits d’un homme âgé, barbu, couronné de laurier, un visage tourné vers l’avenir, l’autre regardant le passé. D’autres fois, comme dieu des quatre saisons, on lui octroie quatre têtes. Comme St Pierre, son objet symbole est les clef avec la quelle il ne prétend pas ouvrir les portes du paradis ; plus modestement, ces clefs sont celles qui ouvrent et ferment l’année….

mercredi 6 janvier 2016

Sagesse posé sur 2021

"Une bouffée d'orgueil se dissipe comme une brume matinale chez celui qui sait rester humble"

Dilgo Khyentsé Rinpoché - Le trésor du coeur





dimanche 3 janvier 2016

La Quête du Graal posé sur 2021


Dans la légende du Graal, le trio Arthur, Guenièvre et Lancelot revient avec insistance. Lancelot parjure à son roi,  à sa dame et à lui-même… Guenièvre parjure à son époux.. Ce ne sont pas des histoires avec un début, un milieu et une fin mais plusieurs histoires réunies dans un corpus. Ainsi chez Chrétien de Troyes le conte du Chevalier à la Charrette voisine avec celui du Chevalier au Lion, Erec et Enide etc…
On trouve chez Folio jeunesse un assez bon résumé de toute la légende centré sur Arthur et justement intitulé « Le Roi Arthur »
Que raconte la saga d’Arthur ? L’établissement d’un règne idéal réunissant anciennes et nouvelles croyances,symbolisées par Merlin le fils du Diable (les croyances celtes) et d’une nonne (la religion chrétienne). Une utopie qui échouera parce qu’entachée de trop d’engagements non respectés.
Sa base même repose sur une fourberie de Merlin qui fait prendre à Uther Pendragon les traits de l’époux d’Ygraine avec qui il passera une nuit dont naîtra Arthur. Adultère qui attirera la haine définitive des trois demi-sœurs d’Arthur , les filles légitimes de Gorlais, duc de Tintagel. (A ce sujet, il est à noter que la naissance des héros repose souvent sur un adultère ou une conception miraculeuse.)
On peut voir dans la quête du Graal l’avancée d’une civilisation qui aurait pu s’établir sans les parjures à répétition qui jalonnent l’histoire. Si tous les héros avaient été capables de tenir leurs engagements, le Graal, qui n’est autre (selon moi) que cette fusion des deux civilisations, aurait été conquis. Il faut ajouter que le Graal en tant que réceptacle du sang du Christ, ainsi que la pureté de Galaad, sont des ajouts chrétiens des XII° et XII° siècles qui ne figurent pas dans les contes « racine » .
On trouve beaucoup d’eau dans ces histoires ;  la mer, partout présente ; les torrents et rivières que doivent franchir les chevaliers en quête (Lancelot au Pont de l’Epée, Gauvain au Pont sous l’eau) et aussi celle qui recouvre le palais de la Dame du Lac, la tutrice de Lancelot.
Après avoir retiré du rocher l’épée qui le consacre roi de Bretagne, Arthur règne sur un pays  désorganisée par le départ des Romains .Il devra lutter contre les chefs de guerre qui ne se rendront que un à un et remettrons souvent son autorité en question, ainsi que contre les Pictes, les Saxons, et remporte  la victoire au Mont Badon. Ces victoires d’Arthur et de ses chevaliers stabilisent enfin la Bretagne 
Arthur aime Guenièvre, il lui engage sa foi.
Pourtant le royaume encore en devenir est menacé par les luttes intestines qui perdurent et surtout par le premier parjure d’Arthur, qui est infidèle à Guenièvre. Il passe une nuit avec Morgawse ignorant qu’elle est sa demi-sœur et lui fait un enfant : Mordred.
 Merlin annonce que cet enfant causera la perte d’Arthur et de son Royaume. Et c’est bien ce que désire Morgawse qui le déteste puisque sa venue au monde a induit la mort de son père  Gorlais, le dux de Tintagel. Arthur a fauté certes, mais Morgawse, magicienne, l’avait bel et bien ensorcelé.
Arthur qui ne sait rien de ces manigances continue à régner et à rassembler les Chevaliers qu’il envoie à la quête du Graal ; il institue la Table Ronde.
Merlin disparaît …
Le couple Arthur/Guenièvre est stérile. Morgawse amène Mordred à Kaamelot. Arthur doit l’élever ; il refuse de le reconnaître comme son fils, et lui donne le statut de neveu.
Toutefois Arthur craint que Guenièvre n’apprenne sa trahison.
C’est alors que Méléagant enlève Guenièvre. Lancelot perdra son honneur en montant sur la charrette d’infamie pour aller la délivrer. C’est l’épisode du Chevalier à la Charrette raconté par Chrétien de Troyes.
La renommée d’Arthur attire de plus en plus de chevaliers à sa cour. Ces héros font de leur mieux mais le destin et les événements décident pour eux… sans compter les fées et les enchanteurs…qui font s’aimer Lancelot et Guenièv
re.
 Arthur refuse de croire à leur trahison jusqu’au jour où Morgane éconduite par Lancelot et jalouse, lui montre la chambre sur les murs de laquelle Lancelot a peint ses amours alors qu’ elle le retenait prisonnier. Il condamne Guenièvre au bûcher et veut tuer Lancelot
Les amants s’enfuient et cette union est également stérile.
Pendant que l’idéal des chevaliers se délite, Galaad, le fils de Lancelot, qui n’a jamais péché trouve le chemin de Corbenic
Lancelot, Gauvain, Perceval et d’autres chevaliers partis à la recherche du Graal finiront par le voir mais seul Galaad pourra boire à la coupe
Ils rentreront à Kaamelot et Perceval épousera la fille du roi Pelles, Blanchefleur.


Les Chouchous