Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

vendredi 25 juillet 2014

Les chats de la lune rousse

Un soir, un chat à pois et un chat à rayures,
L'un tapi sous le banc, l'autre assis sur le mur,
Dans la nuit bleue de mai; donnaient la sérénade
A Shôôd, noire angora qui les faisait rêver
La belle tarde à paraître, leur coeur bat la chamade.
Mais au jardin voisin, chez monsieur de la Path, 
Aucun bruit, aucun son ne trouble le silence.
Sur le mur, sous le banc; les queues des chats balancent.
Shôôd ne se montre pas... vont-ils rester en rade?

Ils guettent dans le noir les yeux verts de la belle;
Ils sont prêts s'il le faut, à se battre pour elle.
De leurs gorges s'élancent de longs "Mâârouââouhs!",
Tandis que monte au ciel une lune aux tons roux.

Toute la nuit en vain les deux chats vont attendre,
Et le matin viendra, aube couleur de cendre...
Les deux minets soupirent, regrettent le coussin,
L'édredon, les caresses et le lait du matin.
"Il est temps de rentrer", se disent les matous.
Ils se lèvent, s'étirent, lancent un dernier "Miaou".
Alors le chat à pois dit au chat à rayures:
"Cette Shôôd de la Path, vraiment, est une roulure!"

mardi 15 juillet 2014

Juillet


Et je croye se je vous disoye
Les valeurs qui sont en mon fait
Qu’a grant peine creu je seroye,
Et si suis le moys de juillet.
Je suis joyeux a peu de plet
Pour tous biens faire tost meurir.
Si doit on bien de cueur parfait
En mon temps Jesucrist servir.

Le Khâlendrier des Bergiers.


lundi 14 juillet 2014

Chanson d'ivresse

portant des fagots à l'aube je pars pour les vendre
après avoir acheté du vin, le soleil à l'ouest je rentre
vous demandes où est ma maison?
après avoir traversé les nuages, on pénètre dans les montagnes émeraude

ANONYME

samedi 12 juillet 2014

Miryna l'amazone alm

Il y a de cela bien longtemps , un peuple de redoutables guerrières faisait régner la terreur à ses frontières et bien au-delà. Elles étaient sauvages, impitoyables, on les disait magiciennes , capables d'anéantir un être humain par la seule force de leur pensée.
Aucun mâle n'était admis dans leur communauté. Elles allaient, pour perpétuer leur espèce, chercher des géniteurs dans les pays voisins et leur donnaient les garçons, gardant les filles afin de leur enseigner leur art de la guerre. Dès la puberté, les jeunes filles subissaient l'ablation d'un sein, qui les empêcherait de bander commodément leur arc.
Une de leurs reines fut Myrina. 
A peine sur le trône, elle déclara la guerre aux Atlantes, des géants qui vivaient au pays où les dieux étaient nés, tout au bord de l'Océan. Trois mille Amazones à pied et vingt mille à cheval, envahirent le territoire de Cerné, investirent la ville, passèrent tous les hommes au fil de l'épée gardant les femmes et les enfants pour en faire des esclaves. La ville fut détruite jusqu'aux fondations. Epouvantés, les Atlantes se rendirent et, généreuse, Myrina fit alliance avec eux. La ville fut reconstruite et Myrina lui donna son nom. Elle en ouvrit les portes aux Atlantes prisonniers et à tous ceux à qui il plairait d'y vivre.
Il restait aux Atlantes de redoutables ennemies: les Gorgones. Pour en venir à bout, ils sollicitèrent  Myrina. Au cours d'un premier et redoutable combat, les Amazones remportèrent la victoire, mais nombre de Gorgones prirent la fuite. Profitant de la nuit, elle firent irruption dans le camp, prirent les armes de leurs vainqueurs et en firent un carnage. 
Mais on ne vient pas si facilement à bout des terribles guerrières ; rassemblant un courage qu'elles n'avaient pas perdu, les Amazones exterminèrent les Gorgones. Seules trois, les plus redoutables, échappèrent au massacre, trois que plus tard Persée et Héraclès eurent à combattre.
Cependant les guerres de Myrina étaient loin d'être terminées. Elle envahit et conquis la Lybie, puis passa en Egypte où régnait alors Horos, fils d'Isis, avec qui elle fit alliance. Elle organisa ensuite une expédition contre les Arabes, ravagea la Syrie; elle remontait vers le Nord quand les Ciliciens jugèrent préférable de se soumettre sans combattre. Les armes à la main, elle franchit le massif du Taurus, traversa la Phrygie pour atteindre la région du Caïque...
Nul ne semblait pouvoir venir à bout de Myrina et de sa horde guerrière. C'est pourtant Mopsos, un roi Thrace chassé de sa patrie par Lycurgue qui lui offrit son ultime combat. Ainsi périt Myrina, reine des Amazones.

vendredi 11 juillet 2014

Tristan et Yseult

Yseult la Blonde était fille solaire et Tristan, chevalier de clair de lune; ils n'auraient jamais dû se rencontrer, ils n'auraient jamais dû s'aimer.
Et pourtant!
Yseult était princesse d'Irlande et le roi son père la donna pour épouse à Mark de Tintagel, dont on disait qu'il avait des oreilles de cheval. Une fille de roi obéit à son père, c'est son devoir. Brangien, sa nourrice devina ses appréhensions bien légitimes: si la race chevaline avait donné au roi Mark ses oreilles, de quelle autre particularité anatomique bien dissimulée pouvait être doté cet étrange fiancé? Voilà bien de quoi affoler une vierge!
Brangien soucieuse avant tout du bonheur de cette enfant qu'elle avait nourrie de son lait, confectionna un "vin herbé", que la jeune mariée devrait boire avant d'affronter sa nuit de noce; un vin magique destiné à lier les époux d'un amour éternel.
Le roi Mark envoya pour lui ramener sa fiancée, un navire gouverné par son neveu bien-aimé, le beau Tristan de Lyonesse. Pendant le voyage du retour une tempête éclata et dans le désordre provoqué par les flots en fureur, le flacon qui contenait le vin herbé s'échappa du coffre où l'avait dissimulé la nourrice.
La tempête avait fait pâlir la belle Yseult et pour la réconforter, avant que Brangien pût intervenir, Tristan lui donna une coupe du breuvage dont il but lui aussi. 
La légende prenait vie: Tristan et Yseult était unis pour toujours d'un amour interdit.

La vie des saints



Ce mois de juillet prend ces jours-ci des airs de novembre et qu'apprend-je aujourd'hui le 11? Qu'on fête St Martin! Est-ce le même qui nous offre quelques jours de douceur au milieu de l'automne?
Il paraît que oui. Car ce grand St Martin a droit à deux fêtes: la traditionnelle, le 11 novembre et une supplémentaire en juillet, le 11 également qui commémore la translation de ses reliques en sa bonne ville de Tours.
Pour bien faire la différence on donne au brave Martin le qualificatif de "Bouillant", d'où le dicton:

S'il pleut à Saint-martin-le-Bouillant,
Il pleut six semaines durant.

St Martin mérite de ce fait de faire partie avec Médard, Barnabé et bien d'autres des "Faiseurs de Pluie"!
Et voici donc mes bons amis pourquoi mariages, feux d'artifices et autres picnics sont bien arrosés en ces beaux jours d'été

mercredi 9 juillet 2014

La vie des Saints

Le jour de Sainte-Félicité
Se voit venir avec gaîté,
Car, chacun l'a pu remarquer,
C'est le plus beau jour de l'été.

Un quatrain bien guilleret si l'on songe que Félicité la mal nommée dut subir la vue du martyr de ses sept fils. C'était au II° siècle... nous sommes bien oublieux...



mardi 8 juillet 2014

La vie des saints

Voici donc la patronne de la jolie ville de Gannat, dans l'Allier...
Elle fut martyre et le restera car son nom incite à la rime douteuse, c'est sainte Procule
Je vous livre le dicton du jour et laisse les autres rimes à votre imagination dont je ne doute pas un seul instant qu'elle sera fertile....

Avec Sainte-Procule, 
Arrive la canicule.


lundi 7 juillet 2014

La Licorne dans l'histoire... Posé sur 2021

Voltaire qui était homme de bon sens, ne doutait pas un seul instant de l’existence des Licornes, qu’il décrivait comme « le plus fier animal, le plus terrible et le plus doux qui orne la terre".
Les bestiaires médiévaux vantent son courage, son mépris du danger . La Licorne selon eux ne craint pas d’affronter des bêtes d’une taille bien supérieure à la sienne ; Un éléphant ne lui fait pas peur.
Au V° siècle, Ctésias, historien grec, séjournant en Inde, y put observer une Licorne aux yeux bleus et dont la tête était Violette.
Quant à Pline l’Ancien, il nous rapporte que Mégasthène, ambassadeur en Inde y vit une Licorne dont la corne mesurait un mètre de long. Ce qui est étonnant puisqu’il est bien connu que les cornes de Licorne dépassent rarement quarante-cinq centimètres de long.

dimanche 6 juillet 2014

La fileuse Posé sur 2021


Soline allait au Bois des Biches, à la main son panier rond. On était en mai et la lune en montant avait dû faire lever la morille. La rosée, dans la douce lumière du matin embrumait le chemin, s’accrochait aux buissons. Soline avait quitté le sentier, le roncier devenait plus dense ; en le contournant, elle fut devant une mare dont les bords argileux portaient des traces de sabots. Des biches et des chevreuils fréquentaient les lieux et la mare était d’abord difficile ; on ne la trouvait que par hasard. Une cabane s’abritait sous un chêne et devant la porte, une vieille filait.
Soline avait de bons yeux et sur la quenouille le fil était si fin, si léger qu’une fée seule aurait pu le produire ; elle s’approcha. La vieille leva la tête et lui fit signe d’approcher. Soline intimidée, la salua et lui fit compliment de son travail.
« Tu aimerais sans doute, filer aussi finement ? tu me sembles bonne fille. Si tu me fais la promesse de ne révéler à personne d’où tu la tiens, je te fais don de ma quenouille. Ton travail sera aussi beau que le mien. »
Soline comprit alors que la vieille était la fée de la Mare aux Biches, celle dont on parlait toujours et que personne ne voyait jamais. Elle fit sa révérence et remercia.
« Promets d’abord, tu me remercieras ensuite ! »
Soline promit ; la fée lui donna la quenouille.
Rentrée chez elle, Soline en grand mystère s’installa au grenier pour filer. Jamais fil aussi fin, aussi soyeux ne fut produit dans la région. Et la quenouille était inépuisable, aussi tous les jeudis au marché de Brezolles on faisait queue devant l’étal de Soline. On vit venir du monde de Dreux, de Chartres et même du Perche et de Normandie. Toutes les belles dames voulaient des jupons dans les étoffes qu’on tissait avec le fil de Soline. Les pièces d’or et d’argent s’entassaient dans le coffre de la jeune femme.
Hélas, elle avait une amie ; une amie qui aurait bien voulu savoir le secret du fil merveilleux. Elle questionna, cajola tant et tant la fileuse que l’imprudente sous le sceau du secret parla de la fée à la curieuse.


Quand Soline remonta au grenier, la quenouille enchantée avant disparu et dans le coffre au trésor ne restait qu’un peu de poussière.

Les Chouchous