Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

dimanche 20 octobre 2013

Le chaudron de Matholwch (3)

« Dans mon pays il est un étang que les gens nomment  le « Lac du Chaudron ». Un jour que je chassais près de ses rives, j’ai vu  sortir de l’eau un géant roux et de fort mauvaise mine ; il portait sur le dos un chaudron.  Une femme l’accompagnait, deux fois plus grande que lui. Les géants m’ont salué et nous avons parlé. Je lui ai dit que j’étais roi de ce pays et mon regret de n’avoir pas d’héritier.
« Ton héritier va naître, m’a répondu le géant, d’ici un mois ta femme te l’annoncera et quinze jours plus tard, elle accouchera d’un guerrier tout armé. »
 Curieux de voir comment allait se réaliser cette étrange prédiction, je leur ai donné une terre et une maison. Mais ces géants étaient des imposteurs, puisque non seulement aucun héritier en armes ou non n’a vu le jour , mais ils ne respectaient ni les gens ni leurs biens. Ils en firent tant que mes vassaux révoltés me sommèrent de chasser ce couple bizarre.  Les chasser ? Oui mais comment ? Je craignais pour mon royaume leur malédiction. Mes sujets, trouvant que ma décision ne venait pas assez vite, prirent la leur.
Ils édifièrent une maison de fer qu’ils offrirent aux deux monstres ; le géant et sa femme s’y établirent. Alors mes vassaux firent venir tous les forgerons d’Irlande avec leurs soufflets, leurs tenailles et leurs marteaux, ils entassèrent du charbon jusqu’en haut du toit. Puis ils entrèrent dans la maison et sous prétexte de bienvenue offrirent au couple un grand banquet au cours duquel ils mangèrent et burent jusqu’à tomber par terre. Quand, au son des ronflements les gens surent qu’ils étaient profondément endormis, ils sortirent et mirent le feu au charbon. Et les forgerons de faire aller leurs soufflets jusqu’à ce que les murs de fer soient chauffés à blanc. A l’intérieur, la chaleur qui devenait intenable réveilla le géant roux ; d’un coup d’épaule, il ouvrit une brèche dans le mur par laquelle il s’enfuit, suivi de sa femme et sans oublier de prendre  le chaudron sur son dos. Depuis, on ne les a plus revus en Irlande. »
« Ce sont donc eux, conclut Brân, qui ont traversé la mer et  qui m’ont offert ce chaudron. En échange, je leur ai donné un domaine. Depuis, ils ont eu des enfants et se sont multipliés. Ils sont les meilleurs guerriers et les mieux armés qu’on puisse trouver dans mon royaume.
Il est donc juste, ami, que ce chaudron te revienne ! »

La fête terminée Matholwch, ses treize navires ,son chaudron et la belle Branwen retournent en Irlande. 

1 commentaire:

manouche a dit…

D'où l'expression "tirer des casseroles" !
bon dimanche.

Les Chouchous