Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

samedi 17 décembre 2011

Qu'est-ce que la littérature orale?


Elle est faite d’histoires colportées depuis l’aube de l’humanité par des anciens, des conteurs, au cours de veillées.
On se réunissait bien souvent dans l’étable, où en hiver il faisait chaud. L’un des participants, peut-être un berger, peut-être un colporteur, après s’être longtemps fait prier, alors que personne ne lui demandait plus rien, levait les yeux du bâton qu’il est en train de sculpter, du manche d’outil qu’il polissait tendrement, du morceau de buis dans lequel il creusait un coquetier et il lançait un sonore : « Cric ! ». L’assemblée alors lui renvoyait un : « Crac ! » enthousiaste. Puis il prononçait quelques formules rituelles d’ouverture : le conte déployait ses ailes et planait sur l’assemblée.
Le recteur ou le curé, qui avaient leurs propres légendes à répandre, le dimanche à l’église réprouvaient ces réunions. Les jeunes gens s’y retrouvaient, et si par chance un musicien était présent, dansaient. Péché ! Les veillées favorisaient les amours, elles étaient forcément les antichambres de l’Enfer.
Y assistaient aussi les femmes qui avaient des « pouvoirs ». Des sorcières donc. Elles n’étaient en fait rien de plus que des guérisseuses, qui connaissaient les plantes et leurs propriétés ; qui savaient faire « passer » les fièvres, les insolations aussi bien que les grossesses intempestives. Souvent plus compétentes et adroites, elles représentaient pour la plupart des médecins de l’époque une sévère concurrence puisqu’elles savaient accoucher juments, vaches, servantes on maîtresses et comme telles dans les périodes des grandes chasses aux sorcières entre les XV° et XVII° siècles, risquaient au mieux le Jugement de Dieu mortel dans la plupart des cas ; au pire le bûcher précédé de tortures propres à faire avouer à une nonne pré pubère les pires turpitudes.
On peut imaginer aussi que leurs connaissances en matière de plantes, potions onguents de toutes natures les exposaient à des demandes plus ou moins avouables ; quelles consentissent ou non à les satisfaire, les rendaient dépositaires de secrets dangereux pour elles.
Les ogres, les fées et leur magie s’effacèrent des veillées, laissant la place aux saints, à leurs miracles et au diable avec son cortège de sorciers et sorcières. Les contes trouvèrent refuge chez les nourrices qui endormaient les enfants qu’on leur confiait en leur contant les histoires qui deviendront les « contes de nourrices ».
Longtemps avant l’invention de l’écriture, on racontait des histoires. L’Iliade et l’Odyssée furent à l’origine des poèmes chantés et racontés ; Homère ne les a pas écrits ; on n’est même pas certains qu’Homère ne soit pas lui-même une légende. C’est néanmoins grâce à l’écriture qu’ils sont parvenus jusqu’à nous.
Chez les Celtes, les légendes et la religion se transmettaient oralement.
Chez nous, dans le haut Moyen Age, seuls les femmes et les clercs savaient lire et écrire. Les nobles guerriers ne s’abaissaient pas à de telles billevesées ; en revanche, ils ne dédaignaient pas de raconter leurs divers exploits et d’écouter trouvères et troubadours qui les colportaient, souvent en musique et en chansons, de châteaux en châteaux, rajoutant bravoure et miracle au fil du temps. C’est au XII° siècle qu’on commença à rassembler par écrit tous ces hauts faits devenus contes et légendes.
Dans d’autres civilisations, en Afrique, chez les Amérindiens et en Sibérie la littérature orale est toujours en usage.

PP

1 commentaire:

Lulu archive Availles a dit…

J'aime bien quand tu nous contes les contes ! Bises.

Les Chouchous