Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

vendredi 19 août 2011

Paroles d'Ânes (3)


C’était là le quatrième de ses romans  et dans celui-ci comme déjà dans la trilogie et ensuite dans tous ses romans, elle reprend le réquisitoire anti châtiments corporels commencé avec les « Malheurs de Sophie ». C’est la description d’une des corrections infligées à l’héroïne  et que Sophie enfant a dû subir qui est en cause dans l’extrait de lettre qui précède. 
Puis surtout,  elle va prendre sur le vif  et raconter au fil de la plume, des scènes de la vie courante auxquelles elle assiste.  Au chapitre IV,  elle nous décrit par le menu une course d’ânes comme elle en offrait chaque été aux enfants des Nouettes et qui lui ont vraisemblablement donné l’idée de ces récits. Car certes, c’est la vie de Cadichon qui nous est racontée, mais bien d’autres histoires s’insèrent dans l’histoire principale, comme dans les romans picaresques des XVII° et XVII° siècles. Elle en profite  pour nous faire savoir ses opinions et ne ménage pas la critique sociale. On y voit au chapitre V , un enfant d’environ cinq ans, sans nom,  livré aux seuls bons soins d’une chèvre ; encore ne s’agit-il pas là de misère puisque nous finirons par apprendre que le petit a « du bien ».  La misère, Sophie nous la montre au chapitre XIV avec la petite mendiante affamée et si sale que personne ne veut la toucher. C’est au même chapitre qu’elle se laisse aller à un certain racisme envers la marchande peu scrupuleuse qu’elle baptise madame Juivet. Mais ce qu’elle nous montre là est surtout le préjugé méprisant de l’aristocratie envers les commerçants. Dans la foulée, on apprend qu’un livre de messe a plus de valeur affective et marchande qu’une garde-robe modeste de petite fille.
Admirons au chapitre XVIII un reportage en direct depuis le baptême du bébé de la bonne d’enfants. L’émoi des jeunes parrains et marraines et la brutalité des gamins qui se battent pour quelques pièces de monnaie. 
On sait aussi que Sophie, comme Cadichon, écoutait aux portes ce qui nous vaut de savoureux dialogues directement importés de la ferme, de l’ auberge,  de la place du village ou de l’office.
Et pour faire honneur a sa gourmandise bien connue, nous avons droit à de nombreux menus ;  celui du pique-nique des chasseurs entre autres, un exemple à suivre :
« On s’assit par terre sous un vieux chêne ; on étala le contenu des paniers. Il y avait, comme à toutes les chasses, un pâté de volaille, un jambon, des œufs durs, du fromage, des marmelades, des 
confitures, un gros baba, une énorme brioche, et quelques bouteilles de vieux vin. »



1 commentaire:

le bourdon masqué a dit…

c'est curieux je me souviens que c'était,ces "Malheurs de Sophie",les lectures d'une jeune fille qui avait eu à Ligugé le seul et véritable amour de sa vie, une chienne nommée Diane.
Ma mère.

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