Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

jeudi 9 juin 2011

Madame LEPRINCE de BEAUMONT-




Saint Antoine sec et beau
Remplit caves et tonneaux.




Il était une fois… Il est parfois des vies qui commencent aussi mal qu’un conte de fées, qui se continuent en une quête laborieuse et qui se terminent comme dans un conte : elle fut heureuse et eut beaucoup d’enfants…. qui n’étaient pas tous les siens…et telle fut la vie de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont , pédagogue, romancière, journaliste et conteuse.
Comme Blanche-Neige ou Cendrillon, Jeanne-Marie perdit sa mère très jeune. Son père remarié, la belle-mère peu soucieuse de prendre soin de l’enfant, on la mit en pension. Au bout de quelques années, d’élève elle devint enseignante. Elle aurait dû alors prendre le voile, mais la perspective, ne l’enchantait guère.. C’est alors qu’une marraine-fée ou un magicien lui offrirent une introduction à la cour de Lorraine où elle se fit dame de compagnie, éducatrice d’enfants, professeur de musique.
Comme de juste, la jeune fille rencontra le Prince Charmant. Il n’était que marquis mais avait nom Leprince, pas Charmant mais de Beaumont. Les épousailles faites, le marquis Leprince se révéla pas Charmant du tout. Semant partout des dettes il eut vite fait de venir à bout de la dot de sa jeune épouse. Tant et si bien que le roi Stanislas et son aumônier se mirent en devoir de faire annuler le mariage au motif d’une maladie bizarre qui empêchait le marquis de se reproduire.
Peine inutile, puisque Leprince fut peu après tué au cours d’un duel. Jeanne-Marie garda son nom sous lequel elle fit publier son premier roman : Le Triomphe de la Vérité, qu’elle dédia au duc de Lorraine Stanislas et au Roi de France Louis XV. Ni l’un ni l’autre ne furent sensibles à l’offrande. Jeanne-Marie, sans emploi ni subsides partit pour l’Angleterre où l’on confiait volontiers l’éducation des jeunes filles à des gouvernantes françaises. Elle y fit merveille ! Uns petite fille particulièrement difficile confiée à ses soins, fut calmée par ses méthodes dans lesquelles entraient pour beaucoup les contes. Contes qu’elle ne tardera pas à rassembler et à publier sous le titre de Magasin des Enfants, histoires pour la plupart à tendances moralisatrices car Madame Leprince de Beaumont ne badinait pas avec les convenances : Il ne suffit pas, professait-elle, qu’une jeune femme soit vertueuse, encore faut-il qu’elle en ait l’air !
Remariée à un français vivant en Angleterre, et qui lui fit six enfants, c’est en 1757 qu’elle publie le conte qui la fera passer à la postérité : La Belle et la Bête.
Mais la France finit par lui manquer. Retirée dans sa terre de Chavanod, tout en s’occupant de son jardin et de ses enfants, elle continue à écrire les soixante-dix volumes qui composent son œuvre, jusqu’à l’âge de soixante-dix ans .

Sa version du conte met en valeur la sagesse, la bonté, le dévouement pour son père d’une jeune fille pour qui comptent peu les apparences. Elle ne s’attache pas au mystère de l’attrait qu’éprouve la Belle pour le côté animal de la Bête qui est somme toute peu convenable. L’origine de la Bête pourrait être devinée en mettant ce conte en parallèle avec le Riquet à la Houppe de Perrault qui lui, ne dissimule pas les origines chtoniennes du prince Riquet.

« Elle s’habilla magnifiquement pour lui plaire, et s’ennuya à mourir toute la journée, en attendant neuf heures du soir ; mais l’horloge eut beau sonner, la Bête ne parut point. La Belle, alors, craignit d’avoir causé sa mort. Elle courut tout le palais, en jetant de grand cris ; elle était au désespoir. Après avoir cherché partout, elle se souvint de son rêve, et courut dans le jardin vers le canal, où elle l’avait vue en dormant. Elle trouva la pauvre Bête étendue sans connaissance, et elle crut qu’elle était morte. Elle se jeta sur son corps, sans avoir horreur de sa figure, et sentant que son cœur battait encore, elle prit de l’eau dans la canal, et lui en jeta sur la tête. La Bête ouvrit les yeux et dit à la Belle :
« Vous avez oublié votre promesse, le chagrin de vous avoir perdue, m’a fait résoudre à me laisser mourir de faim ; mais je meurs content, puisque j’ai le plaisir de vous revoir encore une fois.
-Non, ma chère Bête, vous ne mourrez point, lui dit la Belle, vous vivrez pour devenir mon époux ; dès ce moment je vous donne ma main, et je jure que je ne serai qu’à vous. Hélas, je croyais n’avoir que de l’amitié pour vous, mais la douleur que je sens, me fait voir que je ne pourrais vivre sans vous voir. »






1 commentaire:

croukougnouche a dit…

j'ai tellement aimé ce conte mis en film par Jean Cocteau, je l'ai faitbdécouvrir à mes enfants assez jeunes, peut-être trop tôt, la scène où Diane transperce l'intrus voleur est assez terrible...

Les Chouchous