Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

mercredi 15 juillet 2009

Les deux frères (6)


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Le lendemain, il prit avec ses bêtes la direction de la montagne. Au sommet se dressait une chapelle ; sur l’autel étaient posées trois coupes et devant, une inscription : « Qui videra les coupes deviendra le plus fort du monde. Il pourra prendre l’épée qui est fichée dans le parvis. » Le chasseur ne toucha pas aux coupes et sortit pour prendre l’épée ; elle était impossible à bouger. Alors il rentra dans la chapelle, vida les coupes et se sentit assez fort pour prendre l’épée qui lui sembla même fort légère à manier. Puis il attendit. Au bas de la montagne, apparut un cortège : le roi, sa cour et son connétable accompagnaient la princesse, qui eut d’abord un mouvement de recul, puis, se souvenant que son devoir était de sauver sa ville, elle gravit courageusement le chemin du sommet. Le roi et toute la cour s’en retournèrent éperdus de douleur ; seul, le connétable resta pour assister au sacrifice.
Quand elle arriva au sommet de la montagne, la princesse ne vit pas de dragon, mais le beau chasseur qui l’entoura d’un bras protecteur : « Ne craignez rien, princesse, je suis ici pour vous sauver. Enfermez vous dans la chapelle et n’en bougez sous aucun prétexte. » . Le dragon arrivait et la princesse s’évanouit d’horreur avant que le chasseur ait fini de fermer la porte.
Voyant un solide gaillard à la place d’une jeune fille, le dragon furieux gronda : « Que viens-tu faire ici ?
- Je viens me battre avec toi !
– De plus solides que toi y ont perdu la vie ; je me débarrasserai de toi comme des autres ! »
Et ses sept gueules se mirent à cracher du feu, l’herbe sèche flambait tout autour et une épaisse fumée allait étouffer le jeune homme, quand ses animaux se mirent à piétiner le sol pour éteindre le feu. Le dragon se jeta sur le chasseur, mais celui-ci brandit son épée si vite qu’elle siffla en l’air et trancha trois têtes d’un seul coup. De plus en plus furieux, le dragon se dressa, se précipitant sur le jeune homme en crachant des flammes par les gueules qui lui restaient ; il brandit à nouveau son épée et trancha encore trois têtes. Le monstre était à bout de forces et le chasseur épuisé.

2 commentaires:

anne des ocreries a dit…

Seulement il reste une tête !

P a dit…

Ah, ben si vous vous mettez à compter les têtes!!!
on n'est plus dans le conte mais dans un problème d'arithmétique pour CE2 et là je suis dépassée...
Oh, et puis... attendez la fin, B...L!
PP

Les Chouchous