Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

dimanche 26 juillet 2009

Les deux frères (17)


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A la cour, on ne voyait pas revenir le gouverneur et la princesse était malade de chagrin et d’angoisse. C’est dans ce temps que l’autre jumeau, celui qui était parti vers l’est, arriva dans le royaume. Il avait cherché du travail, n’en avait pas trouvé et lui aussi avait erré de ci, delà, à l’aventure, en faisant danser se animaux, quand sa pièce d’or quotidienne ne suffisait pas. Et puis, son frère commença à lui manquer et il retourna à la croisée des chemins, là où ils s’étaient séparés. Le couteau était toujours planté dans l’arbre, mais il était brillant d’un côté et rouillé de l’autre. Il comprit que son frère était en danger mais qu’il était encore temps d’aller à son secours. Il prit donc la route de l’ouest. Quand il arriva aux portes de la ville, suivi de ses animaux, les gardes vinrent à sa rencontre : « Nous allons dit le chef, annoncer votre retour à la reine ! Elle en sera bien heureuse, car elle vous croit disparu dans la forêt enchantée. Il comprit qu’on le prenait pour son frère. Il résolut de se faire passer pour lui. La jeune reine, heureuse de retrouver son époux lui reprocha de s’être absenté si longtemps. « C’est que répondit-il, je me suis égaré dans la forêt et j’ai eu bien du mal à retrouver mon chemin. Le soir, il partagea la chambre et le lit de la reine, mais il mit entre eux deux une épée à double tranchant ; elle en fut surprise et peinée mais n’osa pas poser de question. Pendant plusieurs jours il se renseigna sur la forêt enchantée et quand il en sut assez, il annonça qu’il retournait à la chasse. Le roi et sa fille voulurent l’en dissuader, mais il s’obstina et partit comme la première fois, suivi d’une forte escorte. A peine entré dans la forêt, il vit la biche blanche et dit à ses gens de l’attendre, pendant qu’il poursuivrait la biche. Ses animaux coururent derrière lui, mais pas plus que son frère, il ne put rattraper l’animal. Comme son frère, il ne put sortir de la forêt, comme son frère, il fit un feu, et comme lui entendit gémir et grelotter. Il dit à la vieille de descendre se chauffer, elle dit qu’elle avait peur des animaux et proposa de lancer son bâton ; mais contrairement à son frère, il se méfia : « Je ne frappe pas mes animaux ! Descend, ou c’est moi qui viens te chercher ! – Qu’est-ce que tu crois, ricana la sorcière, on ne me touche pas si facilement ! - Descend, ou je te tire dessus ! – Tire, donc ! ça m’est bien égal ! » Elle savait bien que les balles de plomb ne pouvaient pas l’atteindre. Il épaula, visa, tira : et la sorcière ne fit que ricaner. Le chasseur avait compris ; il arracha trois boutons d’argent de son gilet et en chargea son fusil. Si elle était invulnérable au plomb, en revanche, l’argent pouvait l’atteindre et le jeune homme visait juste ; elle s’écroula en hurlant. Il posa le pied sur elle et lui dit : « Si tu ne veux pas finir dans ce feu, dis moi à l’instant ce que tu as fait de mon frère. » Prise de peur, elle avoua : « Je l’ai pétrifié ! Il est couché dans cette fosse avec ses animaux. » Il l’empoigna et la força à descendre avec lui dans la fosse. « Méchant vieux hibou, rends la vie à mon frère et à tous ceux qui sont avec lui, sinon, je te jette dans le feu ! »

1 commentaire:

anne des ocreries a dit…

Ah ! enfin justice va être faite !

Les Chouchous